Habemus piratam

Pour son quatrième roman, Pierre Raufast nous emmène à nouveau au cœur de la vallée de Chantebrie. Le curé Francis y officie depuis deux années, habitué à recevoir les confidences de ses ouailles mais surtout à arbitrer les querelles villageoises. Un jour, cependant, s’installe dans son confessionnal un homme, hacker émérite, cherchant le repentir pour avoir enfreint la totalité des dix commandements. Fasciné par le personnage, le prêtre écoute religieusement les confessions du cyberpénitent, venu avouer tantôt le vol d’un tableau célèbre reposant au musée du Louvre, tantôt le piratage par un drone d’un manuscrit appartenant à une célèbre romancière, tantôt la mise en obscurité de la ville de Toulouse, proche du Pic du midi, permettant ainsi une meilleure observation des étoiles. Tous ces récits de pénitence ont un point commun, il représente des actes de piratage informatique de haut vol, perpétré par un individu qui se sait recherché par des personnages peu fréquentables dont il aurait financièrement abusé. Et pendant ce temps, règne une joyeuse pagaille au sein du village. Claudine vient de trépasser, possiblement étranglée, révélant dans son testament être la propriétaire d’une culotte qui avait agité les habitants du bourg quelques années auparavant. Une fois encore le curé Francis est sollicité. Après La Fractale des raviolis, son premier roman, dans lequel une femme cherchait à empoisonner son mari à l’aide de raviolis, après La Variante chilienne, l’histoire d’un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux et, enfin, après La Baleine thébaïde, que nous avions adoré l’année dernière et qui mettait en scène un jeune homme doux et rêveur aux prises avec le cynisme contemporain, Pierre Raufast nous ré-enchante avec ses talents de conteurs dans cette fable moderne, cocktail d’anecdotes réalistes empreintes d’humour et de suspense sur l’art de la manipulation du Net. Ingénieur de formation, diplômé de l’école des Mines, l’auteur aborde ici, de manière simple, une réalité technique et pointue, celle du piratage informatique. Il arrive à éviter les excès de jargons techniques et propose même, à la fin du livre, un glossaire regroupant les termes et acronymes utilisés dans son roman. Le lecteur, qu’il soit néophyte ou averti en matière de nouvelles technologies, se laissera complètement embarquer dans ces histoires de vols rocambolesques. Comme le furent ses précédents romans, Habemus piratam est une véritable réussite ! Une pépite sucrée que l’on dévore d’une seule bouchée !