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Littérature étrangère

Natasha Brown

Assemblage

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✒ Pauline Régnacq

(Librairie Le Failler, Rennes)

Assemblage, roman court et percutant, signe l’entrée fracassante dans la littérature anglo-saxonne et mondiale de Natasha Brown. Un premier livre sans concessions qui lève le voile sur une société britannique n’ayant rien réglé de son passé.

Les phrases sont courtes, saccadées et ce récit faussement décousu nous laisse suivre le fil tortueux des pensées de la narratrice. Assemblage pourrait en effet être le récit d’une introspection. L’héroïne occupe un excellent poste dans une société bancaire, s’est élevée socialement et est en couple avec un homme issu de la haute société britannique. Femme noire, elle incarne une certaine forme de réussite et va de conférences en assemblées pour « inspirer » d’autres générations de femmes à suivre son modèle. À cette docilité apparente subsiste pourtant chez elle une envie larvée de révolte : former de futures parfaites employées à un monde du travail qu’elle débecte lui paraît de plus en plus insupportable. Produit d’une génération biberonnée aux crises économiques et d’un pays qui prétend ne plus voir les couleurs après les avoir longtemps hiérarchisées, un vide immense l’habite : elle a réussi, oui, mais pourquoi et à quel prix ? À travers ce récit, c’est finalement le mythe d’un Royaume-Uni ouvert et multiculturel, promesse d’espoir, que Natasha Brown brûle. Parce qu’elle est une femme, parce qu’elle est descendante d’immigrés jamaïcains, parce qu’elle n’est pas issue d’un milieu bourgeois ou noble, jamais l’héroïne ne parvient à se fondre dans les cases de la réussite qu’elle parvient pourtant péniblement à cocher et se voit sans cesse renvoyée à des fragments de son identité. Malgré cette ambiance étouffante, Natasha Brown ne manque pas d’humour. Ses descriptions acérées d’une haute société faussement progressiste et réellement réticente à l’idée de mélanger son sang bleu à celui d’une ancienne prolétaire font vraiment sourire. De fait, par sa maîtrise et son audace, Assemblage apparaît comme le premier roman d’une autrice dont nous n’avons probablement pas fini d’entendre parler !

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