Essais

Dominique Simmonot

Plus noir dans la nuit

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photo libraire

Chronique de Coline Meurot

Librairie L'Interligne (Lille)

Georges, Colette, René, Norbert, Lucienne : autant d’hommes de femmes et de familles pour qui la mine, c’est tout. Après un licenciement, comment reconstruire une vie dans cette région où tout tourne autour du charbon…

On commence par rencontrer Norbert, 92 ans, sur le quai de la gare de Grenay. Il nous emmène avec Dominique Simonnot faire le tour de la cité où il habitait avec sa femme Lucienne. Nous voilà embarqués dans le récit de sa vie et de celles de ces mineurs injustement licenciés par les Houillères après la grève de 1948. La mine c’est tout une vie. C’est l’école des enfants, les soins pour tous, le chauffage l’hiver, l’harmonie, la maison. Tout. Pendant la guerre, les mineurs sont des héros. En 1941, ils se mettent en grève et tiennent tête à l’occupant. Et à la Libération, ils produisent et produisent encore afin de reconstruire le pays. Quand en 1948, ils se mettent en grève pour défendre leurs acquis et que le gouvernement socialiste, avec Jules Moch comme ministre de l’Intérieur, leur envoie l’armée, c’est l’incompréhension ! En ces temps de Guerre froide, il n’est pas bon être communiste. Six morts du côté des mineurs et 2000 arrestations. Les peines de prison sont prononcées à la pelle. À la sortie c’est le licenciement. Les familles n’ont plus rien. Elles doivent quitter sur-le-champ les logements de mineurs. Et impossible de retrouver du travail : les Houillères surpuissantes s’opposent à leur embauche dans toute la région. Heureusement que les copains, le Parti et le Syndicat sont là pour se serrer les coudes. Toute leur vie, Norbert et Georges se battront pour obtenir réparation, pour eux, pour leur femme, pour leurs enfants qui tous ont pâti de cette injustice. Entre récits du quotidien, courriers officiels et extraits de séances du Parlement, Dominique Simonnot nous fait découvrir cette épopée, ce combat en partie gagné en 2013 quand les derniers survivants obtiennent une maigre réparation. Mais le combat n’est pas fini, Norbert attend toujours l’amnistie pour tous les mineurs grévistes de 1948.