Littérature

PAGE des libraires 228- Automne 2024

  • PAGE des libraires 228- Automne 2024

    17/10/2024
    168 pages, 17 €
  • Chronique de Dolly Choueiri
    Librairie Des gens qui lisent (Sartrouville)

✒ Dolly Choueiri

(Librairie Des gens qui lisent, Sartrouville)

« Ce n'est pas l'amour qui permet au cœur de battre, ce sont des cellules musculaires, mais c'est la poésie, l'immortelle poésie, l'indéfectible poésie, l'inaltérable et légère poésie du monde qui a fait de l'amour le moteur du cœur des hommes. » Baptiste Beaulieu, La Mort est une garce

 

L’année qui a précédé l’ouverture de ma librairie, un éditeur, devenu depuis un ami, s’est installé devant moi au café et m’a demandé de sa grosse voix : « Pourquoi tu veux être libraire ? Je te préviens, si tu me réponds j’aime lire, je m’en vais tout de suite ».

C’est une bonne question. Qu’est-ce qui nous pousse à être libraire, à lire ces milliers de pages et à vous les raconter ? L’amour des livres, bien sûr, qui nous unit. Mais il y a quelque chose d’autre, je crois, de plus essentiel : l’amour des gens. Ça peut paraître naïf peut-être, particulièrement dans ces jours où le monde s’embrase. C’est sans doute parce que le monde s’embrase que c’est encore plus nécessaire. Lire et donner envie de lire, c’est l’envie de se raconter des histoires qui nous portent depuis toujours. L’envie de croire en d’autres possibles, d’autres vies, d’autres moments. C’est décider, qu’ensemble, nous pouvons inventer un autre récit, un récit collectif. Et de cette fiction, de cette utopie, choisir le monde dans lequel nous avons envie de vivre.

Mille vies s’offrent à vous dans ce numéro d’automne. Mille voyages auxquels vous invitent vos libraires en compagnie des auteurs et autrices. Une première escale en Californie (en passant par Téhéran) à la recherche du rêve américain, avec le magnifique et poétique premier roman de Khashayar J. Khabushani, American Boys (Denoël), lauréat du prix du roman Page/America 2024 et dont vous pourrez lire un entretien. La littérature permet d’inventer le monde mais aussi de le questionner, lui redonner sens. C’est la force des essais de cet automne qui lancent des cris d’alertes et interrogent nos luttes pour exister, comme ces entretiens avec Baptiste Beaulieu ou Xavier Mauduit. De grands noms de la littérature reviennent nous accompagner dans les jours gris et, comme avec des amis de longue date, c’est une joie de reprendre la conversation là où nous l’avions laissée : Yasmina Reza, Mathias Enard ou encore Colson Whitehead, Sally Rooney, Richard Ford pour la littérature étrangère ou le grand James Ellroy pour le polar. Vous trouverez aussi dans ce numéro des idées de lectures en poche ou encore des adaptations en BD, comme le superbe Haute Enfance, de Néjib, un conte initiatique sur la fin de l’enfance.

Passée l’effervescence de la rentrée littéraire, pas tout à fait dans les préparatifs de fin d’année, ce temps de l’automne est le cocon dont nous avons besoin pour faire le plein de lire, ensemble.

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