Littérature étrangère
Gonçalo M. Tavares
Matteo a perdu son emploi
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Gonçalo M. Tavares
Matteo a perdu son emploi
Traduit du portugais par Dominique Nédellec
Viviane Hamy
15/09/2016
200 pages, 20 €
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Chronique de
Vincent Ladoucette
Librairie Privat (Toulouse) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Charlotte Lesaulnier de Actes Sud (Arles)
- Gabriel Pflieger de Vivement dimanche - La Benjamine (Lyon)
- Vincent Ladoucette de Privat (Toulouse)
- David Guerrinha de CALPE LES PORTES DE L ESSONNE (SAVIGNY SUR ORGE)
✒ Vincent Ladoucette
(Librairie Privat, Toulouse)
Gonçalo Tavares revient avec un texte troublant, à la construction fascinante et au contenu extrêmement riche, dans lequel il donne la pleine mesure de son exceptionnel talent de conteur et de philosophe.
De quelle manière un homme qui court tous les matins autour d’un rond-point particulièrement passant peut-il être relié à un autre, qui arpente une rue dont tous les bâtiments portent le même numéro ? L’écrivain portugais nous fait côtoyer vingt-six personnages en apparence ordinaires, qu’il confronte à des situations où l’absurde règne en maître, provoquant chez le lecteur une impression d’étrangeté déstabilisante. Dans ce récit circulaire où tout converge vers Matteo, l’itinéraire emprunté suit l’ordre alphabétique. L’histoire aurait pu être radicalement différente, nous dit Tavares, car les liens unissant les protagonistes reposent sur l’attention portée par le narrateur à certains détails. Il justifie ce choix arbitraire dans une postface brillante, où il s’interroge sur une folie qui semble constituer le cœur du livre. Il questionne la différence fondamentale entre voir et penser, la solitude, l’importance de comprendre le désordre pour ne pas s’y perdre, la lutte contre la barbarie, la façon dont la multiplication du « non » sème le chaos en fermant les possibles, ou encore l’agressivité collective au sein des grandes villes. En trente-quatre paragraphes d’une concision remarquable, il s’appuie sur quelques-uns de ses personnages pour illustrer son propos et inviter le lecteur à la réflexion. Il faut lire et relire Gonçalo Tavares, dont on n’a pas fini de louer l’intelligence en mouvement. Sa littérature, mélange harmonieux d’imaginaire et de fulgurances philosophiques, évoque autant Enrique Vila-Matas que Roberto Bolaño. « On n’est pas préparé pour tout savoir dès le début », écrit-il dans la postface, « c’est précisément pour cela qu’on continue et qu’on pose des questions. »