Littérature française

Benoît Duteurtre

Livre pour adultes

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Chronique de Betty Duval-Hubert

Librairie La Buissonnière (Yvetot)

Oscillant entre courts récits, roman et réflexions existentielles, Benoît Duteurtre compose un texte intime, vif, mélancolique, truffé de jolies notes rurales.

La longue maladie et la mort de sa mère ont inspiré à Benoît Duteurtre de très belles pages sur la finitude de nos vies. Nul pathos chez lui, mais comme un rappel vibrant, un constat inexorable. Tant que la mort paraît lointaine, on tend à se croire immortel, intouchable, invulnérable. Mais lorsqu’elle se rapproche, ou si l’on daigne y prêter attention, on prend conscience de la brièveté de nos existences. Alors on se barricade davantage dans des modes de vie surfaits et aseptisés, exposés que nous sommes à la peur, à la déchéance, au déclin. Tout autant que cette finitude humaine, c’est aussi un monde rural (celui des Vosges en particulier) en voie d’extinction qui préoccupe l’auteur. Entre mélancolie, nostalgie, parfois colère, il évoque ce qui n’est plus. Il raconte un monde paysan où se mêlent rudesse et tendresse, mais lentement asphyxié par des contraintes normatives souvent absurdes. Comme si l’homme cavalait lui-même après sa mort, façonné qu’il est par ses multiples contradictions. Il n’est pas simple de mesurer ce que nous sommes, ce que nous voulons. Le temps manque, la vie nous presse. Demeure la joie d’être dans l’instant, en phase avec soi-même, avec les autres, le temps d’une baignade à Étretat, le temps d’un épisode neigeux parmi les sapins vosgiens.