Polar

Eva Garcia Saenz de Urturi

Le Silence de la ville blanche

illustration

Chronique de Anne-Sophie Poinsu

Librairie Le Failler (Rennes)

Née à Vitoria dans le Pays basque espagnol, l’auteure a choisi de situer son roman à cet endroit. D’abord auto-éditée, elle connaît ensuite un gros succès pour son polar dont une adaptation cinématographique a déjà été réalisée.

Dans la cathédrale de Sainte-Marie, deux jeunes gens sont retrouvés assassinés, nus. La main du jeune homme repose tendrement sur la joue de sa compagne funèbre. Et, aux côtés des corps, se trouvent des eguzkilore, les fleurs de charbon, censés protéger du mauvais sort les superstitieux. Cette scénographie si particulière semble rappeler une série de doubles meurtres qui ont eu lieu dans cette même ville, défrayant à l’époque la chronique, affolant la presse et terrorisant les habitants. Il y eut d’abord deux nourrissons puis deux enfants de 5 ans et ensuite deux gamins de 10 ans placés à chaque fois à un endroit symbolique de la ville. Toutefois, ces meurtres ont pris fin depuis vingt ans. Un suspect a été arrêté : un homme populaire présentant une émission très regardée sur les sites archéologiques. De plus, l’inspecteur ayant procédé à l’arrestation, se trouve être son frère jumeau. Alors que l’accusé s’apprête à sortir de prison, les meurtres au même modus operandi reprennent et plongent la ville entre horreur et fascination. C’est l’inspecteur Unai surnommé le « Kraken » qui, aidé de sa collègue Esti, se charge de cette enquête complexe aux nombreuses ramifications et nous la raconte à la première personne. En parallèle, nous avons quelques introspections dans un passé proche concernant une histoire amoureuse pleine de méandres. Voilà un roman espagnol tout à fait envoûtant. Une intrigue digne d’intérêt, une écriture et une traduction agréables, des personnages marquants, une plongée dans la culture du Pays basque espagnol avec ses coutumes, plats et fêtes… tout se combine pour nous faire savourer de la première à la dernière page ce formidable polar que l’on quitte à regret.