Littérature étrangère

Nissim Aloni

Le Hibou

photo libraire

Chronique de Sarah Mossman

Librairie Le Bel Aujourd'hui (Tréguier)

Quatre histoires courtes, publiées entre 1958 et 1962, forment un récit sur l’enfance de l’auteur dans les quartiers populaires de Tel-Aviv. Dans ce texte talentueux, l’auteur, grand dramaturge israélien, crée une atmosphère et un sens de la mise en scène.

Les nouvelles de la guerre crépitent depuis tous les postes de radio. Jour après jour, le jeune narrateur et sa bande de lascars investissent un terrain vague, échangeant des légendes de quartiers, fabrications personnelles qu’ils créent pour impressionner et s’impressionner. De sa très belle écriture, Aloni saisit la perspective de l’enfant et dessine le contour de ce monde où fusionnent la réalité et l’imaginaire. Un cireur de chaussures malade à la cicatrice mystérieuse serait-il un soldat turc ressuscité ? Lève-toi, lui chuchote l’enfant. Et il marche. Un soir de pluies diluviennes, alors que le narrateur rêvasse au lieu de finir ses devoirs, il porte secours à une jeune fille depuis son embarcation de fortune. Un enfant est fragilisé par l’absence de son père, parti au front. Un hibou, vieux de mille ans, jette un sort à celui qui ose l’approcher. Sombre présage de la mort, mais aussi incarnation de sagesse et intuition. Les enfants sur qui il veille ont compris la puissance du verbe, le pouvoir créateur et destructeur de la parole… et que l’imagination a des pouvoirs mais aussi des limites.

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