Littérature étrangère
Denene Millner
Du même sang
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Denene Millner
Du même sang
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Valérie Le Plouhinec
Le Cherche midi
24/08/2023
618 pages, 23,50 €
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Chronique de
Brice Bonneau
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❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Cyrielle Tourisseau de d'Angerville (Angerville)
- Marina Sauvage de Quai des mots (Épinal)
- Audrey Andriot de Jonas (Paris)
- Gaëlle Le Priol de Pierre Loti (Rochefort)
- Brice Bonneau
- Élodie Leconte de de Paris (Saint-Étienne)
✒ Brice Bonneau
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Pour son premier roman, la journaliste Denene Millner dresse le portrait de trois femmes noires dans l’Amérique des années 1960 aux années 2000 et de l’héritage violent qui les lie les unes aux autres.
En 1965, Grace est contrainte de fuir le Sud ségrégationniste après qu’un accouchement réalisé par sa grand-mère a mal tourné et que sa mère est battue à mort. C’est à New York qu’elle est envoyée chez une tante qui va en réalité l’exploiter comme bonne à tout faire. Quand elle découvre l’amour et qu’à 16 ans à peine elle donne naissance à un enfant, le bébé lui est arraché pour être placé en adoption. C’est Delores et son mari Tommy qui accueillent la petite Rae dans leur famille, ne parvenant pas à avoir d’enfants naturellement après un drame que Delores subit dans sa jeunesse et qu’elle choisit de taire à Tommy. Une fois adulte, Rae est productrice d’une émission de télé et devient mère à son tour. Même si, pendant son adolescence, elle découvrit qu’elle avait en réalité été adoptée, elle ne chercha pas à savoir qui était sa mère biologique. Dans cette saga familiale intergénérationnelle de plus de 600 pages, Denene Millner explore des thématiques qui lui sont chères, ayant elle-même été adoptée. Elle y dresse le constat édifiant de la place des femmes noires sur une période de quarante ans dans une Amérique baignant dans le racisme, de leur place, aussi, au sein de leur propre famille où elles subissent la domination masculine avec la même violence qu’ailleurs, physique, sexuelle et économique, avec la nécessaire sororité qu’elle appelle. Enfin, à travers ces portraits de femmes, l’autrice creuse ces liens familiaux visibles et invisibles, ce que l’on transmet de son passé, de ses secrets, de ses traumatismes à ses enfants. Elle livre un grand roman, bouleversant à bien des moments, sur ce que faire famille signifie, que l’on partage le même sang ou non. Et pour ne pas bouder notre plaisir, la couverture réalisée pour l’édition française est tout simplement magnifique !