Littérature française

Dany Laferrière

Chronique de la dérive douce

photo libraire

Chronique de Diane Maretheu

Maison d'édition L'Iconoclaste ()

Été 1976. Dany Laferrière quitte Haïti pour Montréal sans le sou ni point d’attache. Une nouvelle vie aussi incertaine qu’excitante s’ouvre à lui.

Alors qu’un de ses meilleurs amis est retrouvé le crâne fracassé et qu’un autre croupit au fond d’une cellule, Dany Laferrière doit fuir Haïti pour sauver sa peau. Il a à peine 23 ans quand il pose le pied sur le sol canadien. Entre bohème et amour de la littérature, le jeune Dany narre avec drôlerie et poésie ses errances dans cette ville « de mordus du silence » où personne ne se parle, ses heures égrenées dans les librairies à évoquer Borgès ou Senghor, ses moments passés avec les femmes, la strip-teaseuse, la blanchisseuse, la fleuriste, l’étudiante… Les journées se partagent entre le travail à l’usine et les séjours prolongés dans le métro à « lire les visages » . Les soirées défilent au rythme de Nina Simone ou Dizzy Gillespie. On retrouve Dany Laferrière avec toute la verve de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer et la poésie qui irriguait L’Énigme du retour . Les scènes d’appartement, de restaurant sont posées à la manière d’un tableau d’Edward Hopper. Ce qui plaît chez Dany Laferrière, c’est sa manière de transformer le quotidien, la misère aussi parfois, en quelque chose d’infiniment poétique. Il nous invite à une douce dérive, un voyage, une rêverie.

illustration