Littérature étrangère
Charlotte Mendelson
Accrochages
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Charlotte Mendelson
Accrochages
Traduit de l'anglais par Caroline Bouet
Les Escales
11/05/2023
363 pages, 22,50 €
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Chronique de
Catherine Jamain
Librairie des thés (Surgères) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Nathalie Iris de Mots en marge (La Garenne-Colombes)
- Delphine Olivier-Auzie de Le Pain de 4 livres (Yerres)
- Catherine Jamain de des thés (Surgères)
✒ Catherine Jamain
(Librairie des thés, Surgères)
Le temps d’un week-end, c’est l’histoire d’une famille ‒ où tout grince, griffe, écorche ‒ qui nous est racontée. L’art et l’amour se partagent mal chez les Hanrahan. Tout est toxique dans leurs relations.
Voici le premier roman publié en France de la romancière et journaliste britannique Charlotte Mendelson, élu meilleur roman de l’année 2022 par The Times et The Guardian. Dans la famille Hanrahan, je demande le père, Ray. Peintre sur le déclin, c’est un égocentrique manipulateur. Délaissé par les galeristes, il accueille, dans sa grande maison délabrée, une exposition qui, pense-t-il, fera à nouveau parler de lui. Je demande la mère, Lucia, artiste qui s’est oubliée au profit de son ogre d’époux et va, petit à petit, briser, douloureusement, ses chaînes. Je demande le fils de la mère, Patrick, au mental fragile, qui n’arrive pas à trouver sa place et se perd. Je demande la fille mal-aimée, Jess, jeune femme à fleur de peau qui a fui la maison familiale et revient en freinant des quatre fers accompagnée de son mari. Je demande la fille préférée, Leah, qui fait tout pour plaire à son papa adoré même s’il faut écraser le reste de la famille. Les voici réunis pour des « accrochages » à tous les niveaux pendant les deux jours entourant l’exposition. Le vernissage est un morceau d’anthologie dans l’art du ratage : les œuvres exposées, le traiteur, les invités, le timing… Rien ne va. Comment peut-on s’embourber à ce point ? Les relations entre eux tous : des cris, des pleurs, des reproches, des injures. Ils ne feront que s’écharper. « Chaque famille malheureuse l’est à sa façon », écrivait Tolstoï. Chez les Hanrahan, l’angle choisi est celui de la mauvaise foi intégrale. On ressort de cette lecture avec un peu la nausée tant les personnages sont déconcertants, névrosés et ne savent pas ce qu’ils veulent. Il y a des paires de claques qui se perdent ! Charlotte Mendelson croque avec talent des portraits et des situations d’une grande noirceur.