Littérature étrangère

Ron Rash

Le Chant de la Tamassee

illustration

Chronique de Marie-Laure Turoche

()

Paru en 2004 aux États-Unis, Le Chant de la Tamassee, deuxième roman de Ron Rash, vient enfin de paraître en France. C’est bien sûr au cœur des Appalaches si chères à l’auteur que l’on va devoir apprendre à affronter son passé.

Tout commence par un tragique fait divers. Une adolescente de 12 ans se noie dans la Tamassee, rivière qui sépare la Caroline du Sud de la Géorgie. Les parents, des gens aisés venus du Minnesota, veulent évidemment récupérer le corps de leur fille. Pour cela, il faut poser un barrage provisoire afin de détourner la rivière. Or la Tamassee est protégée par le « Wild and Scenic Rivers Act », c’est-à-dire qu’on ne peut en aucun cas perturber l’état naturel de la rivière. Le débat est donc lancé ! Promoteurs immobilier, parents, écologistes ou habitants du comté d’Oconee, tous ont un avis sur la question. Maggie, jeune journaliste-photographe à Columbia, est envoyée pour couvrir l’affaire, une affaire très personnelle pour la jeune femme car elle a grandi dans le comté d’Oconee. Elle a beau avoir fui sa région natale dès qu’elle en a eu la possibilité, la Tamassee continue de couler dans ses veines ; d’autant plus que la rivière est liée à son amour de jeunesse, Luke, fervent militant écologiste. Maggie n’est pas la seule à devoir faire face à son passé ; Allen, le ténébreux journaliste qui l’accompagne, est lui aussi touché intimement par ce drame. Ce roman de Ron Rash est évidemment un ardent plaidoyer pour la protection de la nature et une véritable déclaration d’amour pour la Caroline de Sud. Cependant, il aborde aussi des sujets très profonds tels que la relation avec le père, le pardon, le deuil : comment vivre avec ses morts ? Comment combattre ses fantômes ? Comme dans la plupart des livres de l’auteur, le poids de la tradition et de la communauté est très fort. Ron Rash aborde aussi la question des médias, ou comment la vision d’un journaliste ou l’angle d’une photo peut tout faire basculer. Un très beau « presque » premier roman de l’un des plus grands écrivains de notre époque.

 

Les autres chroniques du libraire