Littérature étrangère

Radhika Jha

La Beauté du Diable

Chronique de Marie-Laure Turoche

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La dépendance au shopping peut paraître bien superficielle, voire risible. Elle est pourtant dangereuse. Voici l’histoire d’une femme qui a vendu son âme pour acheter des robes.

Au début de la lecture, on se dit : « Tiens, c’est Confession d’une accro au shopping à Tokyo », mais au fil des pages, on se rend rapidement compte que l’histoire est beaucoup plus sombre et tortueuse. La narratrice s’adresse à un mystérieux destinataire à qui elle raconte sa descente aux enfers. Trop vite mariée, trop vite maman, elle s’ennuie dans sa jolie maison en banlieue. Un jour, elle retrouve une amie d’enfance qui est devenue ce qu’on appelle une « office lady ». Cette dernière lui fait découvrir le shopping à outrance, les vêtements de marque et autres produits de luxe. Évidemment, cette volonté de paraître à tout prix cache un profond mal-être. Les yeux de son amie sont tristes et sa vie est vide. Notre héroïne se laisse pourtant entraîner et tombe dans la spirale infernale du surendettement. Le roman prend une tournure presque cruelle, à l’image de ses personnages. Des boutiques enchanteresses, on bascule dans un univers glauque, le glamour fait place au sordide. La Beauté du diable est un roman fascinant et dangereux. Telles les vitrines des grands magasins, il sait nous séduire pour mieux nous attirer dans son piège. Méfiez-vous des apparences !

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