Jeunesse

John Green

Tortues à l’infini

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photo libraire

Chronique de Kevane Bouchart

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Six ans après le succès de Nos Étoiles contraires (Nathan), John Green revient sur le devant de la scène littéraire et nous offre un récit très personnel sur l’angoisse et les troubles obsessionnels compulsifs dont il est atteint depuis toujours.

Ce qui frappe immédiatement dans Tortues à l’infini, ce sont les retrouvailles avec la narration percutante de John Green qui sait aborder les maux adolescents avec brio. Il déploie ici l’histoire d’Aza Holmes, une jeune fille qui lutte constamment contre ses angoisses et des pensées intrusives qui virent à l’obsession. Prise dans une spirale infernale, elle est pourtant embarquée par sa meilleure amie Daisy dans une enquête sur la disparition du milliardaire Russell Pickett. La première étape de cette aventure est d’aller voir Davis, le fils aîné du disparu, voisin et ami d’enfance d’Aza. Commence alors une folle histoire d’amour et d’amitié sur fond de recherche identitaire. Aza est un personnage puissant et réaliste qui nous livre un récit complexe avec un regard incisif, non dépourvu d’humour. L’adolescente se bat constamment contre elle-même et les nombreuses angoisses qu’elle vit au jour le jour. Ces dernières sont transmises avec une justesse inégalée et plongent le lecteur dans le tourment permanent de l’héroïne. Elle n’est pourtant pas seule dans son combat, à ses côtés se dressent deux alliés : Davis et Daisy. Si le premier est un garçon torturé qui lutte pour consoler son frère depuis la disparition de leur père, la seconde est une jeune fille pétillante accro à Star Wars. Ce trio complémentaire est mu par une incroyable envie de vivre et de se trouver soi-même, mais aussi d’aider les autres à aller mieux. À cela s’ajoute une petite touche de thriller qui se développe autour de la disparition du père de Davis. Cette ligne directrice met un peu de piment à ce roman très psychologique et introspectif. Tortues à l’infini est au final un véritable chef-d’œuvre qui aborde avec une rare intelligence la souffrance mentale à l’adolescence.