Silencieuse

C’est par le récit d’une tempête que notre histoire commence, à Saint-Julien-des-Sources, commune de 600 habitants. Un homme venu de nulle part vient s’installer là où aucun étranger n’est bien accueilli. Le « Blondin » est un être sans destination, ni racines. Quelqu’un qui n’a rien à faire ici. Pourtant, Annie la caissière va devenir son amante et Ribaute le sociologue son ami. Comme des aimants, les protagonistes se rapprochent, se repoussent dans une dynamique égoïste. Un jour pourtant, la petite Valentina, nièce d’Annie, vient s’installer avec sa mère au village. Valentina ne veut pas parler. Cette personnalité silencieuse, au regard ancestral, qui dit ses émotions sans avoir besoin de les formuler, va changer leurs vies. Alors l’artiste allemand, l’intellectuel français, le jardinier, toutes ces personnalités cachées derrière leurs images sociales vont peu à peu se révéler. Les hommes qui jusque là vivaient séparés, vont essayer de se comprendre et de s’accepter. À travers le récit d’un silence qui en dit long, dans une campagne qui ressemble à n’importe quelle campagne française, l’auteure laisse aux personnages la force de changer leurs destins. Elle instille la grande Histoire dans la petite, elle révèle l’homme sous l’apparence. Les narrateurs choisis sont des voyeurs bienveillants, témoins du changement tranquille des hommes dans une nature omniprésente. Le lecteur se laisse bercer par les mots, se surprend à voir à travers les yeux des personnages. On sent chez l’auteure un amour sincère de l’être humain. Michèle Gazier réussit un roman envoûtant sur la force des violences que la société, nos familles, notre Histoire nous font sentir dès notre plus jeune âge. Elle nous dit aussi les amitiés, les amours et les liens inexpliqués des âmes humaines.