Littérature étrangère

Sigridur Hagalin Björnsdottir

L’Île

photo libraire

Chronique de Magali Moscovici

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Sous couvert de fin du monde, l’excellente journaliste SigrÍdur Hagalin BjÖrnsdÓttir se permet, dans son premier roman, une critique acerbe de son île natale. C’est noir.

Le récit se divise en deux voix, si différentes qu’il est impossible de croire qu’il s’agit de la même personne. Pour l’une, c’est un naufragé qui se souvient, un être seul au milieu de la lande islandaise qui ne sait qu’écrire et parler aux chèvres. L’autre est un journaliste, proche du pouvoir en place, qui observe avec une fascination malsaine la chute de sa société. Car l’Islande est coupée de tout suite à une étrange panne des réseaux sous-marins. Les bateaux ne reviennent plus, les avions ne donnent plus de réponses. Petit à petit, le pays se replie sur lui-même, cesse toute activité culturelle et renvoie les gens dans les campagnes. Puis, peu à peu, le manque de nourriture se fait sentir. On voit s’épanouir la dictature et, avec elle, les terroristes. L’intrigue donne à l’auteure l’opportunité d’observer à la loupe les dégâts d’une pensée commune qui prône un ordre à établir, des déchets « humains » à recycler. C’est sombre, palpitant, addictif. Et pourtant, de nombreuses questions sont soulevées dans ce « roman éclair » : l’immigration, la politique, la force et la sagesse d’une société… Voilà un roman qui vous laissera une impression intense, l’œil bien ouvert et l’esprit en alerte.

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