Littérature étrangère

Andrew Sean Greer

Les Tribulations d’Arthur Mineur

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photo libraire

Chronique de Judy Manuzzi

Librairie Prado Paradis (Marseille)

Lorsqu’on dit d’un événement qu’il est « mineur », c’est qu’il n’est pas médiocre, mais qu’il n’est pas vraiment bon non plus. C’est cette idée qui gouverne toute la vie de notre héros, Arthur Mineur.

Arthur Mineur est un écrivain dont le peu de reconnaissance repose sur un de ses premiers livres, récompensé par un Pulitzer. Il a presque cinquante ans, il vit à San Francisco et il est depuis peu à nouveau célibataire. Il reçoit alors un carton d’invitation de la part de son ex-compagnon qui lui annonce son mariage. Il ne pense plus qu’à une chose : fuir. Mineur refuse de s’infliger pareille souffrance et accepte ainsi une série d’invitations à des salons littéraires et des rencontres incongrues à travers le monde. Ainsi commence un étrange périple du Mexique au Japon en passant par la France et l’Inde, où il va et vient, sans trop savoir pourquoi. Il se perd, se remet en question, désespère, puis repart pour finalement se remettre à écrire et peut-être s’ouvrir à nouveau à l’amour. Le roman est raconté par un mystérieux narrateur et chaque étape, chaque pays, est un nouveau chapitre qui s’ouvre, au sens propre comme au figuré. Arthur Mineur entame un voyage qui doit lui permettre de faire le point sur son passé mais aussi sur son avenir à l’approche de la cinquantaine. Le voyage, sûrement, de la (re)découverte de soi. Entre humour et désespoir, l’auteur nous emmène à la rencontre d’un personnage désabusé mais attendrissant, qui se laisse emporter par le tourbillon de la vie pour fuir ses problèmes. Et finalement, cette vie est-elle vraiment si terrible ? Il n’est pas facile pour un auteur d’écrire un livre dont le personnage principal est lui-même un auteur, mais l’humanité dont fait preuve Mineur rend l’ensemble très doux et surtout très juste. Si le livre Les Confessions de Max Tivoli (L’Olivier et Points) a conféré à Andrew Sean Greer un succès mondial, c’est pour Les Tribulations d’Arthur Mineur qu’il a reçu le prestigieux Prix Pulitzer, dont il est bien sûr question avec humour dans le roman.