Littérature française

Catherine Bardon

L’Américaine

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photo libraire

Chronique de Judy Manuzzi

Librairie Prado Paradis (Marseille)

Après le succès de son premier roman Les Déracinés, paru aux éditions Les Escales en 2018, Catherine Bardon nous fait plonger dans la ville bouillonnante de New York dans les années 1960.

Ce roman est le livre du souvenir, de l’héritage familial et de la nostalgie. C’est celui d’une jeune adulte, Ruth Rosenheck, la fille de Wilhelm et Almah, qui se cherche et se débat avec deux cultures et une histoire familiale lourde à porter. Elle a 21 ans lorsqu’elle quitte la République dominicaine pour tenter une carrière de journaliste à New York, sur les traces de son père, avant d’expérimenter un peu plus tard la vie en communauté dans un kibboutz israélien. Ainsi, elle fait en chemin inverse la route que ses parents eux-mêmes avaient parcourue pour fuir l’Autriche en 1940. C’est également une histoire d’amour, parfois évidente, parfois aussi éphémère qu’illusoire. On y parle aussi des amis, ceux qui changent, grandissent et prennent des chemins opposés, ne laissant que le souvenir réconfortant d’une insouciance déjà bien loin. Un portrait incroyablement juste de jeunes pleins d’espoir et d’ambition dans un monde qui leur paraît souvent trop grand pour eux. Ruth se fait aussi le témoin d’une époque et permet à l’auteure de rendre un vibrant hommage à la musique, à la littérature, au cinéma des années 1960 sans oublier les combats politiques. De nombreux événements viennent émailler le parcours de Ruth : la bataille pour les droits civiques, l’assassinat du président Kennedy, la guerre du Vietnam, l’instabilité politique qui frappe les Caraïbes et enfin l’invasion de la République dominicaine par les Américains. Par ailleurs, à travers le parcours d’Almah, Catherine Bardon interroge de manière intelligente l’implication sociale et politique que chacun de nous est prêt à investir pour un pays qui ne nous a pas vus naître. Après l’exil dont il est question dans Les Déracinés, Catherine Bardon nous parle de trouver sa place, ce lieu, où qu’il soit, où l’on peut enfin se sentir chez soi.