Essais

Olivier Babeau

Le Nouveau Désordre numérique

illustration

Chronique de Éric-Michel Tosolini

()

Voici deux ouvrages qui, partant de deux points de vue très différents, ont pourtant beaucoup en commun et se complètent harmonieusement. Deux livres au verbe vif pour nous questionner et laisser place à l'action.

Dans leur style propre, vif, ironique, parfois féroce, et avec la même et belle énergie communicative, les deux auteurs sondent, sans répit ni concessions, les inquiétantes promesses du numérique. Il ne s'agit pas tant de déplorer la perte du monde d'avant l'Internet et son cortège de technologies, que de questionner notre paresse à penser le numérique que nous avons accueilli, selon la belle formule d'Olivier Babeau : « comme les Troyens le cheval de bois laissé par les Grecs », en chantant et en dansant, fasciné, mais sans jamais vraiment mesurer son impact sur nos existences. Or, cette paresse de l'esprit favorise d'abord la production massive de nouvelles idoles qui, comme les bibliques, sont légion. Surtout, elle interdit de voir combien l'entrée insidieuse du numérique dans nos vies en a déstabilisé profondément les fondations au point de les menacer. Mais la lucidité critique de ces deux taons socratiques veillant sur le mouvant Agora numérique n'empêche pas un salutaire « optimisme de la volonté ». Au contraire, elle le fait naître. Le lecteur de ces fortes pages ne pourra qu'accepter ce salutaire exercice de réflexion sur les vertigineux défis du numérique, qui devrait le décider à agir, enfin.