Littérature française

Bertrand de la Peine

La Méthode Arbogast

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photo libraire

Chronique de Véronique Mutrel

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En écho à l’œuvre de Jean Echenoz et plongeant dans un monde du tout-image où se négocient les minutes de cerveau utile, Bertrand de La Peine publie un roman plein d’audace et d’humour où le bonheur d’écrire transparaît à chaque instant.

Valentin Noze, jeune graphiste évoluant dans le milieu de l’édition souffre de terribles migraines après une chute malencontreuse. Son médecin de famille lui recommande de consulter le docteur Arbogast qui pratique l’hypnose, « secteur en pleine expansion », lui précise-t-il. C’est alors que les ennuis commencent pour notre héros, emporté dans une succession d’épisodes aussi rocambolesques qu’improbables et qui le mèneront jusqu’à Madagascar pour sauver sa belle. Bertrand de La Peine mène à vive allure ce roman où le jeune Valentin associe chacune des péripéties dont il est la proie à des scènes représentées par des peintres célèbres, classiques ou contemporains. Le livre s’ouvre sur un morceau d’anthologie : le docteur Arbogast envoie Valentin dans une librairie afin de tester sa mémoire apparemment prodigieuse sur une liste de titres. Avec beaucoup de truculence, l’auteur égratigne l’establishment, que ce soit le milieu de l’édition à travers Les Éditions Marcel Boschère, employeur de Valentin qui fait du neuf avec du vieux, ou le milieu médical à travers le personnage du docteur Arbogast qui utilise des méthodes dignes d’un charlatan en se fournissant en substances illicites auprès d’un ancien mercenaire reconverti en trafiquant de grenouilles. Il y a du Tintin et du Jules Verne dans cette histoire aux multiples rebondissements et menée de main de maître. On a comparé à juste titre la manière de Bertrand de La Peine à celle de Jean Echenoz, à qui il emprunte le nom d’Arbogast (voir Le Méridien de Greenwich). Ce bref et très vif récit devrait séduire de nombreux lecteurs.