Chroniques de la vigne

Cet album est une évocation ludique et passionnante du monde du travail de la vigne qui a vu grandir Fred Bernard. Son grand-père, « l'homme aux 40 000 bouteilles », s'y révèle à la fois philosophe (« Les arbres ont bien grandi, depuis mon enfance. Les vignes non. Les vignes, c'est du bonsaï ! »), historien de ses terres et humoriste enthousiaste (« Tiendrions-nous mieux l'alcool et pourquoi ? Grâce à nos camps d'entraînements souterrains que l'on appelle des caves. ») Au-delà de ces anecdotes vigneronnes, la grande force de l'album réside dans l'évocation d'un grand-père par son petit-fils. Bien souvent, nous les voyons tous deux marcher sur un chemin, l'un suivant l'autre, regardant ensemble ces terres qui les ont vus grandir. Fred Bernard l'accompagne avec une émotion non dissimulée. Il sait que cet homme est porteur d'histoires uniques, rares et menacées de disparaître. Le vieil homme contemple la vie avec des notions d'une autre époque : « Mon grand-père aime transmettre. Au premier apéritif avec mon fils, il a passé son doigt dans sa coupe de crémant puis dans la bouche de bébé. C'est son baptême à lui. (J'y ai eu droit, ma mère aussi). » Ces Chroniques de la vigne sont gorgées de ces petits moments forts que l'auteur rapporte dans ses carnets avec une joie presque enfantine – dans l'utilisation de la couleur, par exemple – afin de les conserver et de les transmettre.