Littérature étrangère
Bel paese
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Bel paese
Collectif de traducteurs. Présentée et préparée par Serge Quadruppani
Métailié
02/05/2013
324 pages, 21 €
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Chronique de
Florence Raut-Trouillard
Librairie La Libreria (Paris) -
❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Betty Trouillet
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Dominique Paschal
✒ Florence Raut-Trouillard
(Librairie La Libreria, Paris)
Elles sont bonnes les nouvelles d’Italie ! Étonnantes et déroutantes aussi. Métailié propose un florilège italien bien serré et bien noir, mosaïque de talents très différents où chacun des treize auteurs convoqués dévoile en toute liberté sa vision du Bel Paese.
Serge Quadruppani est aux commandes de cette anthologie du noir italien. Et qui mieux que lui, incontournable traducteur, grand amateur et observateur pointu de la littérature policière transalpine, pour réunir les indispensables éléments permettant de dresser un portrait forcément subjectif de la variété romanesque de l’Italie contemporaine. Et le constat fait froid dans le dos. Pour paraphraser l’un des auteurs : non l’Italie n’est pas une immense campagne toscane peuplée de sympathiques paysans biberonnés à Dante. On commençait à se douter que les dessous de la carte postale étaient moins idylliques que prévu, Bel Paese le confirme. Chaque texte, entre tradition et innovation, propose une exploration toute personnelle de la réalité italienne sous forme de farces loufoques et grotesques : un savoureux Pinocchio transsexuel napolitain chez Michele Serio, une Italie devenue sur les écrans de télévision du monde entier le terrain d’un jeu-réalité cruel et total chez Valerio Evangelisti, une fable de Francesco de Filippo où, en attendant une définitive éruption du Vésuve, le petit théâtre humain empoisonne consciencieusement son propre territoire. Le volume se compose de récits brefs, tel le très incisif « Election Day » de Francesco Abate ou l’hypnotique et poignant « Le Soldat » de Giosuè Calaciura, de nouvelles plus sociales et politiques portées par Sergio Bianchi ou les Wu Ming… Toutes les variantes du noir made in Italy sont représentées, complétées par quelques essais plus historiques. La conclusion de l’anthologie est confiée à celui qui ne pouvait manquer à l’appel, le doyen, le vieux lion sicilien Andrea Camilleri, fortunatissimo créateur du commissaire Montalbano et digne héritier de Leonardo Sciascia et Pirandello. Avec sa verve habituelle, ce n’est rien moins qu’une définition de ce qu’est un Italien qu’il propose. Et au final, un voyage en Italie éloquent et révélateur. Une réussite.