Littérature française
Anaïs Llobet
Au café de la ville perdue
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Anaïs Llobet
Au café de la ville perdue
Les éditions de l’Observatoire
05/01/2022
327 pages, 20 €
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Chronique de
Muriel Gallot
Librairie L'Intranquille (Besançon) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Muriel Gallot de L'Intranquille (Besançon)
- Karine Clugery de Les Mots voyageurs (Quimperlé)
- Stéphanie Hanet de Coiffard (Nantes)
- Katia Leduc de L'Embarcadère (Saint-Nazaire)
- Sandy Lafosse de Le Failler (Rennes)
- Valérie Landais de Montesquieu (Viry Chatillon)
✒ Muriel Gallot
(Librairie L'Intranquille, Besançon)
Alors qu’elle tente d’écrire un livre sur la mystérieuse ville de Varosha, une jeune femme s’interroge : comment des rivalités politiques peuvent-elles déchirer une famille sur plusieurs générations ?
Une autrice française est arrivée à Chypre pour en apprendre plus sur l’histoire de l’île et de ses habitants. Elle est attirée par Varosha, station balnéaire devenue ville fantôme. Elle se documente beaucoup pour retracer la partition de l’île entre la Grèce et la Turquie, l’invasion de la ville par les Turcs en 1974, l’exil des habitants chassés de chez eux, les barbelés, la zone militaire. Mais quelque chose lui échappe : l’âme de cette histoire, la dimension humaine. C’est alors qu’elle rencontre Ariana, serveuse au café de la ville perdue. Ariana vient d’apprendre que son père veut vendre la maison familiale de Varosha. La ville est barricadée et cette maison est inutilisable. Pourtant, cette bâtisse est pour elle l'héritage d'une fabuleuse mémoire : celle de ses grands-parents, Ioannis et Aridné. Ils se sont rencontrés à Varosha dans les années 1960. Lui est chypriote grec, elle, chypriote turque. Tous deux rêvent d’une île unie où leurs deux communautés vivraient en paix. Mais alors qu’ils s’apprivoisent et apprennent à s’aimer follement, les tensions politiques montent entre la Grèce et la Turquie : l’île est au centre d’une guerre prête à se déclarer. En confiant son histoire à l’étrangère, Ariana va découvrir que son père Andreas, lui aussi, a perdu beaucoup à Varosha et qu’il lui cache quelque chose : « Les secrets ont ceci de terrible qu’ils obligent à réécrire l’histoire familiale ». Tout comme son précédent roman Des hommes couleur de ciel (éditions de L’Observatoire et Folio), le nouveau livre d’Anaïs Llobet traite de l’exil et du souvenir. Sensible et intelligemment construit, il explore avec finesse l’Histoire contemporaine de Chypre et une mémoire familiale tourmentée. Une lecture fascinante, romanesque et infiniment émouvante qui donne envie de rester encore un peu sur l’île avec Ariana et sa famille.