Littérature française

Laurent Gaudé

Ecoutez nos défaites

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Chronique de Lydie Baillie

Librairie Aux lettres de mon moulin (Nîmes)

Laurent Gaudé croise les époques et les personnages, interroge l’Antique et les mythes, qu’il confronte aux conflits de notre monde. De courts chapitres scandent le rythme des batailles, des victoires et des défaites.

Agent des services français, Assem est épuisé par sa vie de tueur au service de la République. Il n’en peut plus de ses mille identités, endossées dans le secret de ses innombrables missions. À Zurich, Assem et Mariam partagent une nuit d’amour. Ils sont comme deux corps solitaires perdus dans le même besoin d’être aimé. Mariam lui raconte sa vie d’archéologue dans les pays en guerre. Elle s’acharne à sauver les objets surgis du passé de la sauvagerie des hommes. Elle évoque la folie de notre monde contemporain, qui ne fait que répéter celle des héros de l’Histoire traversée : Hannibal avec ses éléphants à la tête de son armée carthaginoise, qui a su faire face à la fière Rome ; Ulysse Grant, général américain menant ses troupes dans de sanglantes offensives qui ont terrassé les Confédérés ; Hailé Sélassié, le roi des rois, qui mobilise le peuple d’Éthiopie avant d’être déchu de son trône lors de l’invasion italienne. Ces protagonistes de l’Histoire croisent les guerriers d’aujourd’hui dans des batailles qui laissent sans mots. Mariam et Assem mènent leurs missions respectives sur les terres où les combattants font régner la terreur. Mariam se désole de voir que rien n’a changé et que les hommes n’ont rien appris du passé. Seule, elle devra mener son propre combat, sa guerre intime, et trouver la force de lutter en se souvenant des paroles d’Assem, cet amour qu’elle ne peut oublier et qui lui a donné les mots qu’elle attendait. Assem doit obéir aux ordres et juger un homme qui en réalité lui ressemble en tous points. Il sera face à son tourment pour retrouver lui aussi les mots qui le protégeront de sa propre perte. Alors il constatera qu’il n’y a pas de victoire. Il n’y a que des défaites. Encore faut-il savoir les accepter.

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