Littérature étrangère

Arthur Nersesian

Dogrun

✒ Marie-Ève Charbonnier

(Librairie Paroles, Saint-Mandé)

Roman d’une époque et d’un lieu, Dogrun raconte, sur quelques jours, dans un style nerveux et éminemment drôle, l’épopée d’une jeune femme qui, en cherchant à découvrir le passé de son ami, va se découvrir elle-même.

Après la parution de Fuck up en août 2023, roman qui déjà avait fait sensation, les éditions La Croisée poursuivent la traduction des œuvres d’Arthur Nesersian. Et quelle bonne idée ! Pour notre plus grande joie, on peut donc aujourd’hui lire Dogrun, deuxième roman de l’auteur, paru en 2000 aux États-Unis. Mary, jeune femme de 29 ans, rentre un jour dans son appartement et trouve Primo, son petit ami, mort. Passée la surprise et comprenant alors que la vie de son ami comporte des zones d’ombre, elle se lance dans la recherche de celles et ceux qui l’ont connu. Recherche qui se transforme rapidement en une quête burlesque qui la mène auprès de la mère de Primo (personnage haut en couleur, entre indifférence et fantaisie), de celles et ceux qui l’ont connu (plutôt celles d’ailleurs), au premier rang desquelles les ex (bien plus nombreuses qu’elle ne le pensait) ont le beau rôle. Et puis, bien sûr, il y a un parc à chiens (qui donne son nom au titre du roman) dont on vous laissera découvrir la place essentielle dans la vie de Primo. Raconté à la première personne du singulier (ce n’est pas si fréquent qu’un homme prenne la plume pour dire « je » pour raconter une femme et encore moins aussi réussi !), ce roman, qui se déroule sur quelques jours, est celui d’une émancipation, le récit d’une jeune femme qui s’affirme. C’est aussi un prétexte à déambuler dans les rues de New York (East village, plus précisément, qui est un des personnages du roman). Et c’est enfin un roman bien ancré dans son époque, celle où l’on changeait temporairement le message d’accueil du répondeur de son téléphone fixe pour donner des nouvelles à ses amis. Le tout est écrit dans un style très enlevé, très drôle, un peu cruel, très ironique. Vous allez prendre ce roman négligemment et son écriture addictive vous le fera garder en main jusqu’au moment où vous l’aurez achevé !

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