Littérature française

Maud Ventura

Mon mari

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Chronique de Marie-Ève Charbonnier

Librairie Paroles (Saint-Mandé)

Portrait d’un couple parfait, d’un mari exceptionnel ou d’une jeune femme au bord de la névrose ? Ce premier roman casse les codes du genre littéraire et nous promène au bord d’un précipice avec beaucoup d’humour. Maud Ventura signe là un premier roman réjouissant, pétillant et surprenant !

La narratrice de ce livre est une très belle jeune femme, professeure d’anglais, mère de deux enfants. Elle habite une belle maison, avec de beaux meubles (on pense parfois à la série Desperate housewives et ses clichés de famille en apparence parfaite). Et avant tout, la narratrice est une épouse ! Elle est mariée et très amoureuse de son mari. Magnifique n’est-ce pas, tant d’amour ? Mais c’est terrible également : atteindre la perfection, c’est craindre de la perdre. Et si son mari venait à ne plus l’aimer ? Comment entretenir la flamme ? L’amour, c’est bien un des sujets de ce livre, comme en atteste une citation de L’Amant de Duras en exergue, roman que l’on retrouvera d’ailleurs dans les mains de la narratrice, comme une mise en abyme littéraire. L’amour, le grand amour, oui ; mais aussi tout ce qu’il a d’obsessionnel ou de risible. Pas vraiment de romantisme ici. Ou alors c’est pour mieux l’écorner ou le moquer ! Le roman est découpé en sept jours, du lundi au dimanche, et il dérive tout doucement au fil des pages en nous entraînant dans des contrées insoupçonnées, jouant à cache-cache sur la route. Bien malin qui pourra dire ce qui se passera à la fin de la semaine ! Maud Ventura trouve les mots justes, sur le fil toujours. On ne sait jamais si elle est dans la dérision, l’autodérision, le calcul, la critique, l’ironie… Elle rejoue le mythe de l’amour parfait, en titillant les mots et malmenant nos nerfs. Sa narratrice nous fait rire, nous agace, nous dérange parfois. Et au passage, elle nous fait réfléchir sur l’amour, le mariage et la condition de la femme. Est-ce vraiment une fin en soi, aimer et être aimer ? Faut-il l’ériger en but de vie ? Ce roman est une prouesse et un OLNI (objet littéraire non identifié). Gageons que vous sortirez de sa lecture éblouis et réjouis !