Littérature étrangère

Dario Diofebi

Paradise, Nevada

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Chronique de Marie-Ève Charbonnier

Librairie Paroles (Saint-Mandé)

Prenant pour point central Las Vegas, cet efficace premier roman, noir et dense, parfois drôle, décrit parfaitement les splendeurs et misères de la célèbre ville de jeu américaine et nous emporte dans un tourbillon plein de contrastes.

C’est un premier roman foisonnant que ce Paradise, Nevada, du nom d’un quartier de Las Vegas. Car c’est bien de Las Vegas dont il est question ici, de l’univers du jeu, de la démesure et de la folie. Mais aussi de la noirceur et de la pauvreté, face souvent cachée de la même médaille. Soient quatre jeunes qui sont tous, d’une façon ou d’une autre, reliés à l’hôtel Positano – directement inspiré de la célèbre côte italienne que son propriétaire, Wiles, a tenté de recréer. Un hôtel de démesure qui comporte des chambres de luxe, des suites, des salles de jeu, de poker notamment ‒ poker qui tient une place importante dans le roman. Or, cet hôtel explose dès le début du récit et chacun de ses quatre personnages y est plus ou moins relié. Débute alors un long flash-back sur ce qui a mené Ray, Tom, Mary-Anne et Linsay dans cette ville, chacun y amenant ses rêves et ses vices. Ray est un joueur de poker qui passe son temps à calculer des probabilités. Tom, un Italien venu là presque par hasard après avoir gagné un tournoi de poker, va, de rencontres hasardeuses en absence de décision, se retrouver avec un visa périmé et coincé dans cette ville de jeu. Mary-Anne est une ex-mannequin dépressive reconvertie en serveuse. Enfin, Lindsay est journaliste, issue d’une famille de Mormons et rêve d’écrire un grand roman. C’est toute la démesure de la ville et de l’époque qui prennent vie, dans une langue vive et imagée. On se surprend presque à suivre Ray dans ses calculs et tenter de comprendre les probabilités qui permettraient de gagner au poker. Presque. Dario Diofebi signe ici un roman très bien construit, dense, enlevé, fourmillant de détails, aux faux airs de thriller. Il ne faut pas hésiter à plonger dans ces quelque 600 pages qui, une fois familiarisé avec les personnages, se lisent d’une traite.