Littérature française

Pascal Bruckner

Un bon fils

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photo libraire

Chronique de Xavier Cerf

Pigiste ()

C’est à son géniteur que Pascal Bruckner doit le fait d’être écrivain depuis plusieurs décennies. Rage, haine, mépris, mais aussi amour : l’essayiste raconte l’histoire d’une relation alambiquée. Touchant et émouvant.

Il l’avoue sans ambages : les livres l’ont sauvé. Ils l’ont arraché au désespoir, à la bêtise, à la lâcheté et à l’ennui. Au-delà du plaisir qu’elle procure, il est légitime et nécessaire de s’interroger sur l’utilité de la littérature. Pourquoi lisons-nous ? Les mots ont-ils une quelconque influence sur nos destinées ? « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas », écrivait Fernando Pessoa. Dans Un bon fils, Pascal Bruckner donne lui aussi des réponses précises à ces questionnements. Ce n’est pourtant que l’un des aspects du dernier ouvrage de l’essayiste, qui se veut d’abord le récit autobiographique d’une filiation personnelle et intellectuelle. La lecture, donc, et l’écriture naturellement, parce qu’elle est une manière comme une autre de lutter contre l’ignominie d’un père tyrannique, adorateur du nazisme et antisémite. « Je suis sa défaite », assène le romancier, dont le père devient, au fur et à mesure que le temps passe, un contre-modèle, presque un ennemi qu’il accompagnera néanmoins jusqu’à son dernier souffle. Pascal Bruckner se raconte avec délicatesse et talent, sans prétention aucune. Une ode au libre-arbitre, à l’accomplissement de ses désirs et à tout ce qui permet de se sentir vivant..