Jeunesse

Ilya Green

Tout Autour

illustration
photo libraire

Chronique de Julien Garnier

Etablissement Scolaire Ecole Pauline Kergomard (Le Mans)

Sous sa couverture graphique et esthétique, Ilya Green nous convie à un voyage intérieur. Son dessin précieux, d’une belle fragilité, transporte le lecteur dès le début dans une atmosphère particulière. De la lumière à l’ombre, Tout autour débute par des moments joyeux et heureux, partagés entre une mère et sa fille. Puis vient le moment du deuil. Un moment douloureux que la jeune héroïne devra surmonter tout au long de son enfance. Cette séparation est représentée par un long voyage initiatique. Durant cette traversée, les souvenirs de la mère refont surface, réminiscences sous forme de têtes qui se fondent dans le paysage d’une forêt mordorée. L’histoire s’illumine progressivement à partir de l’instant où la fillette fait une double rencontre, artistique et amicale. Ce tournant salvateur amorce un changement de style, plus enfantin et personnel : « J’ai dessiné la vie, j’ai dessiné le monde autour de moi ». Ilya Green représente avec sensibilité l’image de la mère, ancrée au sol par le tronc, souriante et apaisée, ne faisant qu’un avec l’arbre, les bras se mêlant aux branches. Au détour d’une page marquante, une illustration étonnante évoque « L’Homme de Vitruve » de Léonard de Vinci. La thématique délicate du deuil est traitée avec douceur et poésie. Les mots utilisés sont précieusement choisis et les paroles enfantines restituent une imagination fertile, capable de surmonter la disparition d’un être cher : « Et moi, j’aime regarder les vagues dans les cheveux des champs ». Tout autour s’inscrit avec subtilité dans une longue lignée de textes portés par des héros solitaires, de Cendrillon à Max et les Maximonstres. Un album émouvant et précieux.