Jeunesse

Eva Montanari

Regarde, papa

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photo libraire

Chronique de Amélie Muller

Maison d'édition Agence Mauvaise herbe (Paris)

Être parent n’est pas de tout repos et, dans ces deux albums pour les tout-petits, la patience des papas va être mise à rude épreuve. Alors, les papas sont-ils à bout ? Réponses réalistes ou fantaisistes, croquées par Eva Montanari et Anouk Ricard.

Regarde, Papa est un album très doux au premier abord. Un dessin aux crayons de couleur, un matin banal dans une maison d’ours. Le petit est plein d’une énergie qu’il aimerait partager avec son père qui, lui, met un peu de temps à sortir de l’ensommeillement. Petit ours est toujours dans les pattes de son père alors que celui-ci est occupé à travailler. Et quand c’est enfin le moment de sortir, le petit sautille tandis que le père est affairé sur son téléphone qui sonne à intervalles réguliers. La promenade prend une tournure étonnante quand le spectacle auquel ils assistent embarque le petit dans une folle aventure que le père rate, évidemment, toujours concentré sur son appareil. Quasi sans texte, cet album se lit d’abord comme une histoire du quotidien, mais la tournure fantastique qu’il prend brusquement pourrait flirter avec un certain sentiment d’angoisse et d’abandon, si l’aventure n’était pas aussi festive et colorée. Sous le crayon d’Anouk Ricard, les situations les plus simples deviennent souvent les plus drôles. Ici, un enfant appelle son père à la rescousse dans des situations diverses tout au long de la journée. C’est d’abord une pomme difficile à atteindre dans le pommier. Puis une table trop haute pour dessiner et hop, le papa se « transforme » en support. Une balançoire mouillée et inutilisable ? Et le papa joue le jeu en faisant lui-même la balançoire. Un ballon crevé ? Pas de problème, le papa peut tout aussi bien jouer ce rôle. La journée passe et les demandes de l’enfant (de plus en plus saugrenues) finissent d’éprouver le paternel qui termine sa journée épuisé, affalé sur le canapé dans un piteux état. La mine du papa au fil des heures ainsi que la chute de l’album sont à la fois tendres et drôles. On rit de ces situations imaginées par les auteurs, qui ont évidemment un air de vécu. Alors, les papas, esclaves de leurs chers bambins ?