Jeunesse Dès 13 ans

Camille Brunel

Après nous, les animaux

AM

✒ Amélie Muller

(Maison d'édition Agence Mauvaise herbe, Paris)

Sur les premières pages, une carte du Mexique : le Yucatán, Campeche, Mexico, Tijuana, Juárez, Teotihuacán. En 2086, la Terre est dévastée et les humains ne sont plus.

 

Dans ce monde malade de trop d’exploitation humaine, un paquebot abritant des animaux rescapés d’un zoo et d’un cirque s’échoue sur la côte mexicaine, « libérant » chimpanzés, geais, éléphants, taureaux, vaches, panthères, lycaons, chevaux et pythons. Commence alors leur dernier voyage à travers la jungle et dans les ruines des villes, vestiges de notre monde anthropocène. Le souvenir de l’humain est toujours là, dans les villes et les temples mayas, mais aussi dans l’esprit des animaux qui recherchent leur présence, comme un leitmotiv : « Où sont les humains ? » Car leur ancienne vie de captifs a été conditionnée par ceux qui les ont à la fois nourris et fait souffrir. Mais d’humains, ils n’en trouveront pas. Il leur faudra chercher un autre moyen de continuer. Les geais seront leurs guides, les éléphants et les singes veilleront sur les autres et de l’individualité naîtra un groupe. En nous plaçant du côté des animaux, l’auteur nous pousse à changer de point de vue. Avec une grande précision dans l’observation des espèces (qui régalera les amoureux du monde animal) et un don pour les scènes spectaculaires, il nous fait ressentir toute la richesse du monde sauvage : la crainte des prédateurs, du manque d’eau et de nourriture, mais aussi la curiosité et le bonheur d’une rencontre ou d’un instant de bien-être (véritables moments de grâce). Militant pour la cause animale, Camille Brunel a déjà publié sur le sujet (La Guérilla des animaux, 2018, Les Métamorphoses, 2020, Alma, Le Cinéma des animaux, UV Éditions, 2018). Ce premier roman jeunesse, au style précis et ciselé, est autant une aventure qu’un plaidoyer pour faire entendre la voix des non-humains. Un texte qui invite à se décentrer pour croiser le regard du monde sauvage et bousculer les certitudes sur la fin du monde.

 

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