Jeunesse

Guillaume Guéraud

Plus de morts que de vivants

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photo libraire

Chronique de Gwendal Oulés

Librairie Récréalivres (Le Mans)

Plus de morts que de vivants marque le retour gagnant du grand Guillaume Guéraud au gore, genre dans lequel il s’était illustré avec panache dans l’épatant et néanmoins sanglant Déroute sauvage (Le Rouergue).

À la veille des vacances d’hiver, dans le collège marseillais (bien réel) de Rosa Parks, un virus mortel à l’origine inconnue se répand de façon foudroyante. Les prémices anodines passent inaperçues, jusqu’à ce que les premières morts spectaculaires sèment progressivement la panique au sein des élèves et de l’équipe scolaire. Personne ne sera épargné dans ce huis clos claustrophobique, où l’auteur pousse le lecteur dans ses derniers retranchements : hauts le cœur garantis. L’escalade de l’horreur est gérée de main de maître, d’infimes détails distillant le malaise jusqu’au grotesque assumé. Guillaume Guéraud se joue des règles d’un genre ultra codifié avec un plaisir manifeste. Il n’a pas son pareil pour décrire les corps mis à l’épreuve de l’inexplicable. Les premiers « cas » sont à leur manière des morceaux de bravoure et marquent immanquablement les esprits. La montée en puissance très cinématographique (cf. les remerciements cinéphiles en ouverture) évite habilement tout temps mort et effets de répétition avec une rigueur remarquable. Alors, bien évidemment, cette débauche de tripes, de sang et de vomi ne devrait certainement pas réconcilier un certain lectorat avec l’enfant terrible de la littérature ado. Qu’importe ! Il ne faudrait pourtant pas placer trop rapidement le roman sous le signe de la gratuité car, comme dans les meilleures œuvres gores, le roman autorise en marge (notamment dans ses inter-chapitres qui mettent en scène les institutions) une lecture plus sociale, sinon politique. La violence ne se situe pas forcément dans ses manifestations les plus spectaculaires. Il y a dans le fond de l’air de Plus de morts que de vivants un plaisir communicatif dans la destruction, la saine colère d’un auteur, pour le coup bien vivant.

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