Jeunesse

Juliette Binet

Le Mauvais Pli

photo libraire

Chronique de Gwendal Oulés

Librairie Récréalivres (Le Mans)

Comme dans le cinéma muet, les trois temps du sketch du Mauvais Pli sont séparés par trois intertitres « aïe ! », « oh ! » et « mais ? » pour dire la surprise de son héros face au mauvais tour qui lui est joué. Une surprise partagée par le lecteur. Un jeune homme promène son chien en laisse et va être confronté, dans ses tentatives de franchissement de la double page, au pli central du cahier que la convention veut que le lecteur ignore ordinairement. Envisagé tour à tour comme une frontière, un miroir ou une porte, le pli se joue du malheureux dans un jeu surréaliste où le corps est déformé. Le lecteur devra garder un œil sur le chien plus intuitif que son maître pour deviner les risques d’une promenade a priori si anodine. Sous son apparente simplicité, Le Mauvais Pli brille par son humour et sa poésie. Extrêmement soigné dans ses moindres détails, dans ses dessins et ses mises en abyme réflexives, l’album de Juliette Binet a la grâce faussement fragile des films de Buster Keaton.

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