Après Les Géants et Les Belles Vies, romans remarqués des lecteurs et des critiques, Benoît Minville revient avec un texte foisonnant de personnalités hautes en couleur. De quoi susciter un féroce appétit de lecture chez les ados… et les adultes.

Pour Vasco, la trentaine ronronnante, l'entrée dans le monde des adultes est passablement compliquée et un peu plus laborieuse que d'ordinaire. Mais la rencontre fortuite d'un ancien amour de jeunesse met un gros coup d'accélérateur à la vie du jeune homme. Sous prétexte de briller aux yeux de Mélissa et de sauver la mise à une équipe de futsal (foot en salle) après une sévère défaite, c'est surtout lui qu'il va essayer de sauver. Vasco fait le mariole, l'empêcheur de tourner en rond, le dilettante et il génère chez ses lecteurs un peu d'agacement et beaucoup de sympathie. Les forces individuelles des joueurs vont se révéler un moteur pour tous et surtout pour chacun. L'auteur n'édulcore pas les différences de prime abord irréconciliables. En formidable fédérateur, le sport est ici aussi l'occasion d'exercices de dépassements de soi. Benoît Minville nous propose une jolie galerie de portraits dont personne, ni les adultes prétendument raisonnables, ni les jeunes – c'est assez rare pour le signaler – ne ressort émoussé. Il ne s'appesantit pas sur les règles techniques du sport, plutôt sur ce qu'il permet de transcender. On a très envie de les rencontrer, ces ados à l'énergie électrique, de s'époumoner avec eux dans les tribunes, de faire partie de l'aventure. En filigrane, il est aussi subtilement question de classes sociales, que l'auteur décrit avec humour et acuité. Récit de vies diverses résilientes, Mauvaises Graines éclairera ses lecteurs et leur donnera envie d'aller plus loin, plus haut, ensemble, de déplacer les curseurs et de dépasser les clichés. En un mot : de grandir. Quel beau programme !