Polar
Jane Shemilt
Ma fille
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Jane Shemilt
Ma fille
Traduit de l’anglais par Karine Lalechère
Le Cherche midi
04/05/2016
464 pages, 21 €
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Chronique de
Claire Couthenx
Autre KUBE (MONTROUGE) -
❤ Lu et conseillé par
1 libraire(s)
- Claire Couthenx de KUBE (MONTROUGE)
✒ Claire Couthenx
(Autre KUBE, MONTROUGE)
Ma fille est le premier texte d’une femme médecin. Elle nous parle du deuil et de la perte, construisant son roman à la manière d’un thriller, mais sans effets de manche. Une enquête menée simplement, par une mère qui a perdu sa fille.
Comme Elisabeth Badinter l’a dit, il existe depuis toujours un conflit entre la femme et la mère. C’est ce conflit qui étrangle Jenny, la narratrice de ce roman. Elle est la mère de trois enfants adolescents, deux grands jumeaux et une fille de 15 ans, Naomi. Jenny laisse ses enfants mener leur vie avec beaucoup d’indépendance, accaparée par son métier de médecin généraliste, qui la comble et lui demande beaucoup de temps et d’énergie. Son mari, neurochirurgien, est également souvent absent de la maison. Dans l’esprit de Jenny, tout le monde se porte bien. Pourtant, la femme qu’elle est refuse de voir certains comportements se manifestant chez ses enfants, qui sont pourtant remarqués par son côté mère. Et sa volonté farouche de refuser de prendre le temps de se confronter à ces problèmes, qu’elle occulte obstinément, aboutira à une catastrophe. Un soir, Naomi ne rentre pas à la maison. Et elle ne rentrera plus. Jenny voit alors son théâtre personnel s’effondrer, les masques tomber. Elle doit faire face à des révélations douloureuses de la part des membres de la famille, puisqu’en réalité tout le monde lui ment depuis des années. La narration oscille entre le moment de la disparition et une période éloignée, où, un an plus tard, Jenny essaie de recoller les morceaux de ses souvenirs. Pour chacune de ces périodes, Jenny livre sans fard ses sentiments les plus intimes. L’angoisse, l’espoir, le travail de deuil, tout est restitué très habilement pour que l’on vive avec elle la pire chose qui puisse arriver à une mère : la perte de l’un de ses enfants. Un premier roman subtil et habilement construit, avec une belle montée d’adrénaline finale qui fait tourner les pages plus vites et battre le cœur plus fort.