Littérature étrangère

Edward Kelsey Moore

Les Suprêmes chantent le blues

  • Edward Kelsey Moore
    Traduit de l’anglais (États-Unis) par Philippe Aronson et Emmanuelle Aronson
    Actes Sud
    06/06/2018
    304 p., 22.50 €
  • Chronique de Virginie Vallat
    Librairie de Paris (Saint-Étienne)
  • Lu & conseillé par
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Chronique de Virginie Vallat

Librairie de Paris (Saint-Étienne)

Retrouvez vos meilleures amies : Odette, Barbara Jean et Clarice, un peu plus vieilles de cinq ans. Qu’en est-il de la maladie d’Odette ? Barbara Jean a-t-elle mis fin à son addiction ? Richmond est-il finalement fidèle ?

Oui, oui, oui, elles sont de retour ! Les Suprêmes n’ont certainement pas mis fin à leur rituel du dimanche. Elles ont toujours leur table réservée chez « Big Earl » et ne manquent jamais le sermon du dimanche, même s’il dure un peu, pour s’y retrouver avec leurs chers maris. Ces nouvelles aventures ne perdent pas en humour. Quel plaisir d’être témoin des potins dominicaux, d’assister aux cocasseries de certaines situations, d’entendre de farfelus prêches religieux (surtout quand le bal s’ouvre sur le mariage d’une dévote et d’un dévergondé !). La musique n’oublie jamais de fredonner à nos oreilles et nous plonge dans l’ambiance Motown de l’époque. Elle est omniprésente grâce aux géniales créations blues d’El Walker et sa guitare Ruthie, à Clarice et son futur grand concert où elle interprétera trois sonates de Beethoven, sans oublier Terry devenu Audrey Crawford avec son spectacle-cabaret à Chicago. On s’imprègne du blues, du noir, celui qui « sent le bayou et l’alcool de contrebande », celui qui pleure nos peines et nos regrets. Dans ce roman, la famille a la part belle. Nos héros arrivent à un âge accompli où notre famille est bâtie mais où on perd peu à peu nos aînés. Certains vont se découvrir un père ; d’autres voir leur mère sous un nouvel angle, pardonner ou pas les faux-pas parentaux. Edward Kelsey Moore dévoile avec une grande justesse les relations familiales et la vie de couple. Le style et l’écriture si intimistes de l’auteur nous immergent totalement aux côtés de ces extraordinaires personnages, à leur table en train de partager une part de tarte aux cerises. On y est bien, on ressent chaque émotion et revit chaque souvenir. Un magnifique voyage direction Plainview pour retrouver avec douceur et nostalgie les Suprêmes !