Maggie O’Farrell s’empare à nouveau d’un fait historique pour nous offrir un formidable portrait de femme. Un récit immersif et envoûtant, à la découverte de l’intimité de la jeune Lucrèce de Médicis.

Avec son précédent roman, Maggie O’Farrell nous plongeait sur les traces de Shakespeare dans l’Angleterre du XVIᵉ siècle. Cette année, l’autrice irlandaise nous transporte en pleine Renaissance italienne, à la rencontre de Lucrèce de Médicis, fille du duc de Toscane. Une note de l’autrice nous prévient dès les premières pages : le sort de la véritable Lucrèce est tragique. Mariée à l’âge de 15 ans au duc de Ferrare, elle mourra moins d’un an plus tard. Selon une rumeur persistante, son époux l’aurait assassinée. Dans le premier chapitre, nous rencontrons ainsi Lucrèce, coincée avec son mari dans une forteresse isolée et la certitude que celui-ci projette de la tuer. Oscillant entre ce présent oppressant et le passé de Lucrèce, nous découvrons une enfant à part, discrète et à la chevelure flamboyante. Confinée dans ce palais doré, Lucrèce ne connaît rien du monde extérieur. Passant de l’autorité paternelle à celle de son époux, elle comprend rapidement que sa seule destinée est de devenir épouse et mère. Comme avec ses miniatures que Lucrèce aime peindre en secret, la duchesse dissimule ses véritables capacités face à un mari aussi charismatique que terrifiant. L’autrice nous délecte de détails sur les splendeurs et les intrigues du palais et bien que le sort de la véritable Lucrèce ait été annoncé, l’auteure joue formidablement avec la tension et fera durer le suspense jusqu’au bout. Faut-il compter sur Maggie O’Farrell pour s’en tenir aux faits historiques ? N'en soyez pas si sûrs ! À travers ce portrait fictionnel, la romancière dépeint tout de même une réalité, celle de nombreuses femmes réduites au statut d’enfant et de femme objet. Une vision que Maggie O’Farrell réussit à changer en imaginant les pensées vibrantes de la jeune duchesse. Une héroïne captivante à découvrir.