Le Gosse

Lorsqu’on lit un livre de Véronique Olmi, on est tout de suite marqué par sa plume tendre et juste, intense et délicate. Dans la lignée de son roman à succès Bakhita (Albin Michel et Le Livre de Poche), elle nous offre une nouvelle fois le portrait sublime d’un gamin abîmé. Joseph est un enfant espiègle et vif. Il vit dans un faubourg populaire du Paris d’après-guerre (la première) entouré de sa mère et de sa grand-mère qui l’aiment de tout leur cœur. Sa mère, plumassière, a toujours une chanson ou un sourire aux lèvres. Il grandit choyé, entouré de rires et de musique, d’amis et de livres. Jusqu’au jour où sa mère disparaît dans un tragique accident. Adopté par sa grand-mère qui perd peu à peu la tête, il tente de faire bonne figure. Mais, lorsqu’elle est menée à l’asile, Joseph doit se résigner. Entre assistance publique et ferme isolée, prison de la Petite Roquette et terrible colonie pénitentiaire de Mettray, Joseph découvre une autre vie, celle des laissés-pour-compte. Privations, coups, violences en tout genre, rien ne lui sera épargné. Pourtant, la musique et l’amour qu’il découvre en cours de route vont lui permettre de surmonter sa peine et lui apportent espoir. De l’enfance enjouée à la violence de la prison, du travail forcé et de la faim à un Paris survolté empli de musiques et de spectacles, Joseph passe d’un monde à l’autre avec ce courage et cette résilience qui le caractérisent, mais également avec l’innocence et l’incompréhension de l’enfant qu’on ne l’a jamais laissé être. Véronique Olmi réussit un nouveau tour de force en mettant sa plume, puissante et intense, au service de ce gosse bouleversé, malmené par la vie. Elle nous emporte d’une émotion à l’autre, du rire aux larmes, en n'oubliant jamais de faire résonner une note d’espoir. Le Gosse est de ces livres qui nous marquent profondément.