Bienvenue dans la maison Madeleine, un asile médicalisé pour vieux déficients, dont le narrateur Busken, résident contre son gré et de ce fait réfractaire à tout, raconte le quotidien dans un soliloque ininterrompu et percutant. En effet, Busken, mutique et replié sur lui-même, n’en est pas moins attentif et commente sans relâche, sur un ton féroce, les événements auxquels il assiste, qui le renvoient à son propre passé qu’il égrène en y mêlant des souvenirs empreints de grandiosité, laissant à penser qu’il se perd dans des délires mégalomaniaques. L’écriture sarcastique épouse les méandres qu’emprunte la pensée de Busken et dérape parfois sur les mots, comme peut être frappée d’oubli la mémoire des personnes atteintes d’Alzheimer. Jeroen Brouwers aborde dans ce roman jubilatoire et décapant le problème de la vieillesse, en soulignant la violence ressentie par les vieilles personnes dépendantes et diminuées par des dégénérescences cognitives.