La Parfaite autre chose

Ce deuxième roman de Fernanda Garcia Lao paru à la Dernière Goutte, brillant éditeur, surprend, charme et déroute à la fois. Il est investi de quelque chose de Beckett – « en attendant la Parfaite autre chose » –, que l’on pourrait assimiler à l’impossible qualité que chacun voudrait posséder dans sa quête de perfection. Une façon de nier sa véritable personnalité. Un prologue amusant établit une liste des personnages qui peupleront les différentes séquences du livre. L’écriture virevoltante, admirablement restituée par la traduction, est jubilatoire, et le rythme enlevé sert à merveille le télescopage des points de vue des membres de cette folle famille, tout en portant idéalement l’intrigue. Chacun se raconte en justifiant son comportement par son rapport aux autres, et la peinture du quotidien des personnages au fil de comparaisons absurdes, voire provocatrices, emmène le lecteur dans une narration en boucle. Un humour féroce éclaire cette fable si humaine.