Littérature française

Frédéric Roux

La Classe et les Vertus

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photo libraire

Chronique de Gabriel Pflieger

Librairie Vivement dimanche - La Benjamine (Lyon)

A priori, on serait volontiers enclin à croire qu’un livre sur la boxe laisse de marbre un grand nombre de lecteurs qui ne goûtent pas ce sport. C’est qu’ils ne connaissent pas encore Frédéric Roux…

Après l’excellent Alias Ali (Fayard, 2013), l’auteur poursuit avec brio son exploration de l’histoire américaine à travers le sport. Son style très réaliste et vivant propulse le lecteur au sein de son sujet avec un maximum d’efficacité. Il raconte le combat mythique qui vit s’affronter Marvin « Marvelous » Hagler et Ray « Sugar » Leonard. À travers le destin des personnages, c’est l’Amérique qu’il met à nu, car ces deux sportifs incarnent le rêve américain : ils sont pauvres et deviennent des stars en accédant au sommet de leur art. Toutefois, avant de gagner ces hauteurs, il leur aura fallu se soumettre au système et en devenir les acteurs. Le boxeur qui remporte la victoire n’est pas forcément le plus fort, il est celui qui joue le mieux son rôle face aux journalistes, face aux caméras. L’auteur montre comment l’argent irrigue le sport et finit par tout contaminer. Les boxeurs sont un bon baromètre de la société américaine et des tensions qui la traversent. Lorsqu’il devient champion du monde, « Sugar » Ray Leonard n’est plus noir, « il est riche ». Mais cela n’a qu’un temps, car « les boxeurs ne gagnent jamais, ils perdent toujours à la fin. » Et c’est sans doute pour cela que ces personnages sont si émouvants.