Littérature française

Véronique Sels

La Ballerine aux gros seins

photo libraire

Chronique de Louise Debove

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Non, toutes les femmes ne rêvent pas d’avoir de la poitrine. Encore moins généreuse. Encore moins quand leur projet de carrière est celui de devenir danseuse classique. À quoi peuvent bien servir ces mamelles lorsqu’on veut toucher les étoiles dans un grand jeté, s’envoler telle une plume dans un porté ? À rien. Elles déstabilisent le point de gravité, l’équilibre. Barberine, qui les a malheureusement héritées de sa mère, ne les supporte plus. Chirurgie, jeûne, bandage ? Tout est bon pour faire dégonfler ces amas de graisse. Sauf que sa poitrine n’est pas d’accord ! S’élèvent alors les voix de Sinistre et Dextre, un chapitre sur deux. Respectivement sein droit et sein gauche, ils sont une sorte d’Estragon et de Vladimir qui ici n’attendent pas Godot mais la naissance de leurs fonctions principales : le plaisir, la douceur, les caresses, la bouche d’un homme, d’un enfant, la vie. C’est un livre tordant, touchant, féminin, mais ni mièvre ni contestataire. On en ressort un sourire aux lèvres, fière d’avoir traversé la puberté et d’enfiler un soutien-gorge chaque matin.

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