Ah, le palais des Doges ! Qui n’a jamais pu s’y rendre a cependant une idée de la célèbre « Gloire du paradis » de Tintoret. Mais savez-vous qu’il aura fallu vingt ans après l’incendie du palais pour organiser un concours, trouver et choisir le peintre apte à l’ampleur de la tâche et que celui-ci la finisse ? Dans ce fabuleux premier roman historique, Clélia Renucci nous fait déambuler dans une Venise du XVI^e siècle où règnent les querelles entre peintres bien décidés à user de coups bas pour décrocher la toile du siècle. Mécènes, sénateurs et doges ont d’ailleurs bien du mal à tomber d’accord sur les thèmes et les styles correspondant à une telle représentation. Entre un jeune Bassano peinant à s’imposer, un rusé Véronèse, un Tintoret fatigué et ses deux fils dont les hormones bouillonnent pour la peinture, les femmes et la politique, l’issue du concours et le plafond du palais ont bien du mal à se dessiner ! Cela se lit comme un feuilleton riche en rebondissements, rempli d’anecdotes, bien écrit et fort bien documenté. Un travail de maître, en somme.