Littérature étrangère

Gore Vidal

Hollywood

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photo libraire

Chronique de Philippe Poulain

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1917. Lente entrée en guerre des États-Unis. L’opinion publique et les milieux politiques restent partagés. On tourne à Hollywood de grands films de propagande : nouveaux pouvoirs, nouveaux médias.

L’action de Hollywood, roman écrit en 1989 et enfin traduit en français, se déroule plus à Washington que dans la fabrique à rêves. Sous la présidence de Wilson, les sénateurs, parmi lesquels beaucoup sont candidats à l’élection présidentielle, jouent à qui perd gagne. Autour d’eux – pour les servir ou les combattre – s’agite un peuple d’aigles et de fourmis, industriels, magnats de la presse, femmes ou filles de, hommes de main, dont la description des chassés-croisés lors de soirées mondaines constitue les scènes les plus réussies du livre. L’auteur transporte son petit monde à Paris pour la conférence de la paix, en 1919. Gore Vidal pastiche même Proust. C’est cependant vers la côte Ouest que l’héroïne, rédactrice en chef du Washington Tribune, se laisse entraîner, et le lecteur avec. Elle devient productrice, inspiratrice et actrice de bons et moins bons films. S’engageant auprès d’un réalisateur aux idéaux socialistes (la traque aux rouges sera bientôt déclarée), elle comprend le dangereux discours qu’on prête aux images, mais découvre aussi comment la pellicule purifie les actions et les êtres en temps de guerre – comme de paix. Tout du long de ses 700 pages, Hollywood décortique la légende et détricote l’Histoire.