Jeunesse

La nuit est belle

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✒ Simon Roguet

(Librairie M'Lire Laval)

Pour les enfants, la nuit peut être douce, tendre, reposante. Mais elle peut être également inquiétante, mystérieuse et même aventureuse. En tout cas, elle est une magnifique source d’inspiration pour les créateurs. Quatre très beaux albums incarnent parfaitement cette diversité sur ce thème indémodable.

Bonne nuit tout le monde est le nouveau bijou de Chris Haughton. Dans cet album, il joue plus sur la tendresse que sur l’humour, sur lequel reposaient ces derniers ouvrages (Oh non, George ! et Chut ! On a un plan chez Thierry Magnier). De manière très classique, nous suivons le coucher de plusieurs animaux. Tous sont fatigués et s’endorment presque debout en bâillant. Seul petit ours n’a pas envie de se coucher et espère jouer un peu plus. Mais ses amis sont trop épuisés pour cela. Alors l’envie de dormir finira bien par le rattraper lui aussi. Une fois encore la qualité des illustrations de Chris Haughton nous émerveille. La palette des couleurs est remarquable et l’histoire, comme une petite ritournelle, deviendra assurément un rituel pour le coucher. Quand il fait nuit, de la Japonaise Akiko Miyakoshi, est plus mystérieux. Il nous invite à suivre l’histoire d’un petit lapin qui rentre le soir, à la nuit tombée, dans les bras de sa mère. Pendant le trajet, il découvre ce qui se passe dehors quand vient l’heure du coucher. Par les fenêtres éclairées, l’enfant regarde ce que font les gens au cours des derniers instants de la journée. Le contraste entre le noir de la nuit, les lumières de la rue et la quiétude des intérieurs des maisons, est admirablement rendu et permet à l’auteure de jouer sur les ambiances et les sensations. Le travail de Miyakoshi est sur ce point admirable. Ses illustrations sont bluffantes, tout en délicatesse. Il se dégage de cet album une vraie tendresse qui permettra aux enfants d’appréhender tranquillement l’arrivée de la nuit et de ses mystères. Tout à fait différent dans le style, Fais dodo bébé souris de la Coréenne JeongWan Park s’adresse également aux plus jeunes. Comme une comptine qu’on soufflerait à notre bébé à l’heure du coucher, il nous emmène doucement dans le lit d’une jeune fille, de ses frère et sœur et de leurs doudous respectifs. Bébé souris, le doudou de la petite fille, s’endort peu à peu, et l’enfant, comme tout ce qui l’entoure, peut lui aussi, tout en écoutant la chanson de la nuit, s’endormir. L’illustration très douce de Park et le rythme de son texte permettent de sécuriser les tout-petits et de créer un cocon, idéal pour le coucher. Avec Le Royaume de Minuit, c’est un public plus âgé qui est visé par le nouvel album de Max Ducos. Achille est un enfant plutôt agité, toujours prêt à faire une nouvelle bêtise. Quand il se fait punir, il se dit que c’est une chance unique de réaliser un rêve : se faire oublier et vivre une nuit complète, seul, dans l’école. Mais quelle surprise quand il découvre que Massimo, le fils du directeur, est aussi un habitué des virées nocturnes dans l’école déserte. Commence dès lors une folle nuit d’aventures, de jeux, de peur également, mais surtout de découverte pour les deux garçons. Max Ducos signe un album remarquable, une véritable aventure où la nuit permet aux enfants de réinventer le quotidien de leur école. Tout devient objet de métamorphose et leur permet de s’imaginer les plus folles épopées.