Littérature française

Marie Richeux

Polaroïds

photo libraire

Chronique de François Reynaud

Librairie des Cordeliers (Romans-sur-Isère)

Près de soixante-dix Polaroïds. Des poèmes lus à toute vitesse – mais chacun procèdera comme il veut. Et voilà que je ressors ébloui par l’expérience. La poésie comme je l’aime. Pas celle, mal rimée, qu’on cueille en recueils. Non, celle qui parle aux yeux et révèle le monde devant lequel on passe sans le voir. Marie Richeux apparaît avec ses mots et, l’espace d’un instant, en une trentaine de lignes, elle saisit, révèle ce qui était là, ces détails secrets, ces couleurs, ces parfums dissimulés. C’était là. On ne le savait pas. Quelques lignes plus tard, l’éblouissement du flash passé, on jubile d’être désormais initié aux mystères. Marie Richeux sait contempler la réalité la moins rutilante. La poésie, c’est ce qui est là, gratuit, inutile, offert à chacun. Regardez cet arbre planté au milieu du jardin d’une maison parfaitement convenable, il a deux cordes et, « comme personne n’a voulu se pendre, on en a fait une balançoire ». Par bonheur, un enfant de 12 ans s’apprête à en tomber… Je ne connais rien de plus beau.

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