Littérature française

Nancy Huston

Lèvres de pierre

illustration

Chronique de Delphine Bouillo

Librairie M'Lire (Laval)

Après un voyage en 2008 au Cambodge, Nancy Huston est comme hantée par ce pays. Les années ont passé, le procès des dirigeants Khmers rouges est terminé, François Bizot a publié un essai puissant sur le sujet (Le Silence du bourreau, Flammarion et Folio) et, au même moment, l’écrivain et cinéaste Rithy Panh sortait son film, Le Maître et les forges de l’enfer. Laissant mûrir ses émotions et perceptions, elle décide d’écrire sur le Cambodge en 2016 et sa façon de faire est assez originale : elle va nous parler du seul Cambodgien en qui elle arrive à se projeter, Pol Pot. Mais non pas le Pol Pot chef d’État, mais l’enfant et l’adolescent qui s’appelait encore Saloth Sâr. Des points d’accroches romanesques sont alors apparus entre ce personnage et Dorrit, le double littéraire de Nancy Huston. C’est ainsi qu’elle va retracer le destin de ces deux personnages que tout oppose. Pourtant, au fil de la lecture, on découvre deux trajectoires qui peuvent s’éclairer l’une l’autre. Avec ce texte, Nancy Huston continue d’explorer sa trajectoire littéraire entamée avec Bad Girl (Actes Sud et Babel). Après nous avoir parlé de sa mère qui l’a abandonnée, elle nous parle ici de son père et de ses premiers amours avec une grande maîtrise de la langue et une belle intelligence.

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