Littérature française

Martin Page

L’Apiculture selon Samuel Beckett

photo libraire

Chronique de Aurélia Magalhaes

Bibliothèque/Médiathèque Jean Cocteau (Massy)

Que vous soyez un inconditionnel de Beckett ou intimidé par la réputation de son œuvre, il vous faut de toute urgence lire ce roman. Un jeune thésard est employé par l’écrivain pour l’aider à trier des archives destinées à des fonds universitaires. Les deux hommes s’acquittent de la tâche plus vite que prévu, mais Beckett voit dans ce travail un côté absurde : comment ses papiers peuvent-ils rendre compte de ce qu’il est et de ce qu’il souhaite exprimer. Qu’à cela ne tienne, il décide de fabriquer de vraies-fausses archives comme autant de pieds de nez à ses futurs exégètes. Le portrait que l’auteur dresse de Beckett est celui d’un homme facétieux, avide de plaisirs et de liberté, assez loin de l’image que la postérité a retenue de lui. Ce roman devient pour le lecteur, non seulement un vrai moment de fantaisie, mais aussi une source de réflexion sur la réception d’une œuvre rarement neutre, nourrie de fantasmes et qui, en auscultant les traits de la personnalité de l’auteur, nous renseigne d’abord sur nous-mêmes.

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