Littérature étrangère

Rachel Beanland

Florence Adler nage pour toujours

illustration

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Traverser la Manche, un rêve bien peu commun, surtout lorsqu'on est une jeune femme en 1934. Un rêve avorté par un accident mortel, une véritable onde de choc dans la famille de Florence.

Florence Adler est une jeune femme brillante, universitaire, qui ne rêve que d'une chose : traverser la Manche. Nous sommes en 1934, sur la plage d'Atlantic City, en Angleterre. Cet été-là, elle s'entraîne plusieurs fois par semaine, aidée de Stuart, un maître-nageur sauveteur qui lui donne des cours sur son temps libre et qui ne lui cache pas l'intérêt qu'il lui porte. Elle est souvent accompagnée lorsqu'elle se rend à la plage de sa nièce Gussie, 7 ans, et d'Anna Epstein, une jeune fille juive, hébergée par la famille pour pouvoir poursuivre ses études loin de son pays d'origine, l'Allemagne. Mais un jour, Florence s'avance seule dans la mer, nage au loin et se noie. Personne n'arrive à expliquer ce qu'il s'est passé. À la stupeur, la douleur de perdre leur enfant, se succède bien vite dans la tête d'Esther et Jospeh, la nécessité de devoir taire ce décès, car la sœur aînée de Florence et la mère de Gussie, Fannie, est alitée à l'hôpital, de nouveau enceinte après une fausse couche. Le moindre choc émotionnel pourrait lui faire perdre l'enfant qui grandit dans son ventre. Comment lui cacher ce drame ? Comment continuer à faire semblant ? Chacun va pourtant devoir avancer avec ce poids, ce deuil impossible à réaliser. Construit comme un roman choral, autour d'un fantôme qui navigue entre deux mondes et dont la mort n'est pas encore effective, ce premier roman est brillant et émouvant. Au-delà du drame familial, Rachel Beanland aborde, avec une grande finesse, les espoirs, les sentiments de chaque personnage, leurs histoires intimes, personnelles qui mêlent souvent la petite et la grande Histoire, bouleversées par cette disparition. Un grand roman fort et passionnant.

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