Littérature étrangère

Per Petterson

Des hommes dans ma situation

Chronique de Jean-Baptiste Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

Per Petterson aime, dans les entretiens, décrire son personnage fétiche, alter ego romancé, comme un Charlie Chaplin, oscillant, tremblant, non assuré, à qui il arrive des aventures désagréables mais qui se relève, l’air de rien, pour poursuivre son chemin. La comparaison est belle tant la fragilité d’Arvid Jansen est poignante. Séparé de sa femme depuis peu, endeuillé par la perte de ses proches dans un incendie de ferry, Arvid erre et parfois sombre. Il est seul, de cette solitude quasi banale, invisible aux yeux de ceux pris par le roulis monotone du quotidien. Il scrute la nuit tombée, par les fenêtres éclairées, la vie des autres, de ceux qui regardent la télé, qui s’aiment dans la pénombre ou en pleine lumière. Arvid est à côté. Il marche dans les rues d’Oslo que Petterson décrit avec précision à la recherche d’un corps chaud, d’une peau à effleurer. S’abandonner dans l’alcool et la lecture comme seuls remèdes. Et aussi rouler, faire des kilomètres, dans un cocon rassurant de quatre roues. Assurément. Modestement. Roman après roman. Petterson construit une œuvre. 

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